Dépôt - Terminé

Sujet: Dépôt - Terminé Ven 13 Mar 2015 - 21:54

Affairée dans les sous-sols de la grande Tour Sud, la pharmacienne en cheffe rangeait le stock de ses étagères. Celles ci étaient garnies de nombreuses fioles, seringues aseptisées, décoctions et diverses matières dans des sachets ou coffrets.

Ceci était la salle de stock principale, mais les éléments les plus dangereux comme les vaccins ou virus magiques étaient contenus dans une chambre froide attenante. Celle-ci était refroidie grâce à de nombreux sortilèges de froid, et l'accès parfaitement sécurisé. Officiellement, seules Jezabel Pendragon et Sofía de Santa Cruz y avaient accès. Bien sûr, Mr Ostroróg aussi. Cependant il était à l'image des parties fumeuses et cachées de l'établissement: officiellement non-existant.

Sofía soupira. Les deux derniers mois avaient étés mauvais, et l'établissement avait tourné au ralenti. Il lui fallait désormais renouveler le stock et jeter le périmé. Vu le temps passé sur certaines décoctions ou le tarif, ce gâchis brisait le coeur de l'espagnole et la démoralisa. D'autant plus que la soirée précédente, elle n'avait pu avoir aucune nouveauté sur les recherches de Masaryk, et ce dernier semblait très occupé. Surtout qu'il était nouveau et plein d'entrain, or il lui fallait quand même s'adapter et il avait sûrement d'autres chats à fouetter. Ou patients.

La pharmacienne le voyait tout à fait prendre plaisir au sadisme. Bien qu'elle ne se questionnait que rarement sur les techniques ou "recherches", et qu'elle n'avait lu que quelques rapports, elle connaissait les résultats; c'était ce qui l'intéressait. Cependant comment les obtenaient-ils? Rien qu'en repensant au regards de Masaryk, Thompson et Black...et elles connaissaient les demandes de Black et Thompson. Elles ne se parlaient jamais, sauf pour le travail. Et au vu de leurs besoins, cela devait être assez morbide, spectaculaire et terriblement atroce.

Black lui avait fait savoir qu'elle aurait prochainnement besoin de ses services pour quelques commandes exceptionnelles. Sûrement un nouveau colis intéressant. Thompson était très discrète, plus renfermée. Elle l'avait déjà croisée dans les caves inférieures, sortant d'une salle, mains ensanglantées et la mine réjouie et satisfaite. Elle l'avait même saluée alègrement. Mais depuis l'incident, tout était terriblement ennuyeux. Faire attention, ne pas éveiller de soupçons, constamment surveillés...

L'ancienne militaire qu'elle était y était accoutumée, et elle était très méticuleuse de nature. Cela pouvait cependant l'exaspérer d'avoirs à rendre tous ces rapports.

-Bon. Quand j'ai fini l'inventaire, je vais voir Miss Dragona. J'ai déjà récupéré mes bijoux dans les caves, et mieux vaut aller la voir sans plus tarder. Je pense qu'il vaut mieux que je reste sobre.

Elle soupira à l'idée de ne pouvoir se parer à sa guise. Mais les derniers regards et souffles exaspérés de la directrice sur ses manies de parer de ses bijoux, ainsi qu'un sarcasme cinglant, l'avait poussée à ne pas la déranger davantage. Autant l'hispanique que l'ecossaise, elles détestaient la jactance et allaient droit au but. La jactance dont Sofía faisait preuve, c'était surtout dans son attitude, tout en essayant bien sûr de ne pas le laisser transparaître.

Nouvelles commandes en mains, la pharmacienne referma méticuleusement la porte blindée, et rangea la clé dans sa broche. Elle tourna à peine d'un couloir que soudain elle fut nez à nez avec une très belle femme. Elegante, splendide et affriolante. Elle ne semblait pas perdue, bien au contraire. Elle sourit lorsqu'elle vit l'espagnole. Elle la cherchait, elle était maligne. Le dépôt était caché, officiellement inexistant. Mais il en fallait plus que ça pour duper Miss Black.

-Bonjour Dr. Black. Que me vaut l'honneur?

Dit-elle avec un agréable sourire. Enfin du vrai travail!

Sujet: Re: Dépôt - Terminé Dim 22 Mar 2015 - 20:28

De meilleure humeur que précédemment, Samaha Black se déplaçait à présent vers la tour sud de Lómilendë. L’endroit était réputé désert et l’engouffrement du vent y faisait régner une atmosphère lugubre et morbide qui reflétaient les affres de l’Affrontement. L’usage de quelques sortilèges chamaniques permit à la psychiatre de trouver la destination recherchée ou plutôt la personne convoitée. Elle avait besoin des services de la pharmacienne en cheffe et la rousse n’était pas particulièrement connu pour sa patience - pour ne nommer qu’un seul de ses défauts. Elle avait donc entrepris d’utiliser quelques esprits pour espionner Sofía de Santa Cruz et la retrouver.

Son remplacement inopportun de l’après-midi avait réussi à divertir la sorcière. Aasimir Fenring s’était révélé un cas beaucoup plus intéressant que prévu. Elle n’espérait pas trop de son espionne improvisée, mais si elle arrivait à obtenir quelques informations sur le reste de la journée du jeune homme, la session du lendemain se révélerait encore plus intéressante. Le bi-mage avait aussi éveillé l’imagination du docteur Black. Cette dernière imaginait déjà tout un cocktail de substances qu’elle imaginait tester sur l’énergumène, ce qui l’amena à sa deuxième réflexion : Quel pouvait être le nouvel arrivage dans les réserves secrètes de l’espagnole ?

Après quelques déambulations, Samaha finit par tomber nez-à-nez avec Sofía. Comme à son habitude, la femme portait ses innombrables bijoux réputés pour agacer plus de la moitié de l’Hôpital. Bien que leurs discussions ne se résument qu’au travail au plus grand regret de l’anglaise qui aimait parfois se délecter de petits bavardages sans importances qui lui permettait de glaner des informations croustillantes, Samaha savait que de Santa Cruz était une soldate surentraînée. Si elle portait ses parures, ce n’était certainement pas par manque de discrétion, mais surtout par plaisir, peut-être malsain, étant donné qu’elle devait avoir remarqué que ses objets ne laissaient pas le personnel indifférent.

« Mme de Santa Cruz ! La femme que je cherchais justement. »

Dans sa phrase, la chamane laissait sous-entendre qu’elle avait rencontré la pharmacienne par pur hasard, mais cela n’était qu’un petit jeu de commodités qui ne trompait personne et certainement pas Sofía. Dans cet établissement, le comment importait peu, on s’intéressait plus au pourquoi.

« J’aurais besoin de vos services, comme vous pouvez le deviner… Je crois que depuis notre dernière rencontre vos stocks se sont élargis ? J’ai entendu d’ailleurs parler d’une nouvelle drogue magique appelée Cakkara qui viendrait d’Inde. Elle aurait des effets particulièrement violents, mais impossible de trouver lesquels précisément. Vous n’auriez pas ça dans vos trésors, par hasard ? Sinon je suis ouverte à toutes suggestions. J’ai deux cas potentiellement intéressant. Malheureusement, l’un deux est encore trop bien gardé pour que je m’en approche et le second, eh bien, je ne peux pas le descendre en C, ça deviendrait trop suspect. Si vous avez quelques potions intraçables je suis preneuse. »

D’habitude, Samaha donnait ses instructions et les effets recherchés, mais aujourd’hui, elle se sentait d’humeur plus aventureuse et était prête à tester les produits les plus étranges de la collection de l’élémentaliste. La rousse souhaitait être enchantée par les incroyables compétences de son interlocutrice.

« Mme de Santa Cruz ! La femme que je cherchais justement. »

Mais bien sûr. Quel heureux hasard. Sacrée fouineuse. Bueno, te lo dejo, eres muy perspicaz. A ver, tu as besoin de produits. Tu as donc un cas. Héhé moi qui la croyait inactive ces temps, il faut croire que le vent ait enfin tourné.

La pharmacienne affichait une mine réjouie, et une attitude professionnelle. Les yeux pétillants, elle repensa à tous ses produits. La drogue Cakkara, elle en avait en échantillon. Cependant elle se la réservait pour d'autres circonstances. Mais après tout pourquoi ne pas la lui céder?

"Voyons voir. Vous avez de bons réseaux d'informations, cette drogue n'est pas "connue" sur le marché. Elle est inodore, incolore et extrêmement violente effectivement. Ce sont de petits granulés qu'il vaut mieux diluer et par intra-veineuse. Par voie orale, cela a tendance à piquer les muqueuses, voire nécroser sérieusement.
J'en ai un échantillon que je pourrais vous céder, je requiers toutefois un rapport exhaustif et précis sur ses effets, vu le tarif que cela m'a couté."

On lui avait assuré que l'effet était dévastateur, à très petites doses le patient hallucinait, puis son corps se métamorphosait en arbre, avant de se désagréger et revenir "à la normale" laissant des séquelles psychiques et physiques.
L'autre demande de la cheffe fit cependant réveler un sourire carnassier à l'espagnole.

"Suivez moi."

Elle retourna en arrière, ouvrit la porte de son entrepôt et farfouilla rapidement entre les divers rayons. Elle revint avec une fiole, un petit sachet plastique avec des granulés et un tube. Tous étiquetés très simplement et aucun novice ni naïf ne pourrait les comprendre.

"Le sachet est du cakkara. Ne le touchez pas sans protection, par contre il a une petite particularité qui pourrait vous plaire. Il est très influençable par la magie chamanique, ce qui permet de conditionner les hallucinations du patient, mais son intérêt est surtout que pour un chaman aguerri, il est facile de ressentir ou profiter de ses effets tandis que la personne l'ayant ingéré subit le martyr.
Le tube contient 3 pastilles de ma composition. La première dégrade le physique du patient, révélant chaque agent pathogène, maladie latente ou bactérie présente dans l'organisme. Cela est utile pour isoler un patient et annoncer sa dégradation officiellement. Ensuite la deuxième pastille calme les effets premiers, mais agit magiquement sur l'esprit du patient, bloquant les synapses et agit sur la moelle épinière. Cela convainc les familles et l'entourage que le patient se meurt, paralysé et en général le patient panique. La troisième pastille rétablit la santé mentale, en redosant correctement vitamines et fluides neuraux.
Malheuresement si le patient est atteint de virus magiques, je ne peux pas garantir son rétablissement.

La fiole devrait vous intéresser. Elle n'est pas au point, et demande quelques essais afin d'être perfectionnée. Je vous l'offre, je l'ai concoctée pour vous. L'effet est semblable au Gel-Coeur, mais en diminué et à courte durée. Le patient décède en général assez vite, le sang finit par geler pour de bon. Ou alors c'est le patient qui meurt de son apathie."

Puis après quelques réflexions, elle lui tendit une boîte en carton, dans laquelle elle plaça les décoctions et y ajouta une seringue.

" La seringue contient un puissant psychotrope. La potion prend effet en 3 jours. D'abord irritable, puis en colère, le patient finit par halluciner et perdre pied de la réalité. Il va finir par ne plus dissocier son imaginaire de la réalité, ce qui le mène en général à l'hytérie et l'épuisement physique à cause de sa folie. Je ne connais malheuresement pas tous les effets secondaires, ça dépend de la psyche du patient de base. Une simple dialyse et le patient sera vôtre et dans un état correct.
Je vous garantit une fiabilité à 100% et une intraçabilité complète, autant magique que scientifique."

Les médicaments seuls ne suffisaient pas, mais permettaient à quelqu'un de malin de duper famille et entourage, y compris le patient lui-même et le personnel naïf.

"Y-a-t-il autre chose qui vous plairait? J'ai d'autres possibilités, plus bénignes. Sinon j'ai également de l'expérimental..."

La pharmacienne en cheffe possédait donc du Cakkara. Sa réputation la précédait et Samaha venait de le confirmer une énième fois. De Santa Cruz détenait les substances les plus intéressantes et les plus rares du marché. Cet accès quasi illimité à des drogues et autres produits aussi rares avait été l’une des raisons de l’intérêt de venir travailler à Lómilendë. Et comble du bonheur, l’ibérique consentait à lui céder son précieux échantillon contre des rapports détaillés de ses effets. Quel bien mince prix à payer ! La psychiatre réalisait toujours des rapports personnels pour son propre usage et si le cœur n’y était pas, elle ordonnerait à un de ces infirmiers de s’en charger.

Sofía prodigua des conseils supplémentaires sur l’utilisation de la substance rare. Les chamanes pouvaient s’en servir pour influencer les hallucinations du patient ? Voilà qui était fort intéressant pour la sorcière. Elle n’avait pas encore décidé définitivement sur qui s’en servir, mais elle avait déjà sa petite idée.

« Je n’en attendais pas moins de vous ma chère. C’est avec plaisir que je vous fournirai des rapports détaillés de mon utilisation de ce produit rare. »

Le tube qu’offrit ensuite l’ex-soldate pouvait se révéler fort utile. Ces pastilles permettaient de dégrader le patient en toute cohérence ou alors de le restaurer une fois les expérimentations achevées ? Décidément, Samaha se promit de rendre plus souvent visite à l’élémentaliste.

Mais ce n’était pas tout, Noël était arrivé en avance pour la psychiatre. Elle qui traitait Erzèbeth Nàsdy, elle venait de recevoir un prototype de Gel-Cœur en fiole. Même si la chamane doutait un peu de sa fiabilité, elle se réjouissait de voir les effets qu’il prodiguerait et s’imaginait déjà tout ce qu’elle pourrait pré-tester avant de se frotter à la célèbre nécromancienne.

« Vous me gâtez ! Je vais me régaler avec toutes vos petites concoctions. »

Le dernier cadeau arriva. Une petite seringue dont les maux étaient intraçables. Impeccable ! L’espagnole avait répondu à chaque besoin de la rousse.

« Ce sera parfait. Gardez-moi vos petits miracles pour notre prochaine rencontre. Quoique… Un dernier petit service pourrait terminer de me combler. »

Ces derniers temps avaient été assez tendus pour la chamane et en bonne ex-droguée qu’elle était, la sorcière se voyait déjà partir sur un bon petit trip. Seul hic, elle n’avait plus accès à ses fournisseurs depuis son arrivée ici et les drogues trop standardisées ne lui suffisaient plus. Une dernière pensée de son mari et de son frère finit par conforter Samaha dans son choix.

« Auriez-vous quelque chose de relaxant ? Quelque chose de particulièrement agréable, mais pas trop communs dans vos petites fioles ? Pour un usage, disons plus… personnel, si vous voyez où je veux en venir. »

-Quelque chose à usage personnel? Hum, laissez moi y réfléchir.

Des relayants, l'apothicaire en avait de toutes sortes. En drogues, dures, légales ou non, il y avait bien plus que l'embarras du choix dans le marché et dans ses ressources. Le problème principal, c'était leur toxicité, et leurs nombreux effets secondaires. Il eut été un comble que la cheffe se retrouve internée dans son propre service, surtout par sa faute. L'idée d'une drogue qui rende Miss Black dans un état catatonique, voire au bord de la folie ou tout simplement ravagée effleura l'esprit de l'hispanique. Cela serait très amusant. Une rapide pensée à Madame Pendragon la calma immédiatement.

Bon, en tant qu'ex-droguée, je vais lui éviter une drogue la poussant à la dépendance. Elle me le ferait payer et je n'ai aucune envie de l'avoir sur le dos. Je peux pas m'en débarasser comme les habituels junkies pigeons que j'avais l'habitude de supprimer une fois payée. C'est une fumeuse, je vais rester sur des valeurs sûres. Voyons, un euphorisant comme la chlorphenamine devrait convenir, or sans trop d'effets secondaires nocifs ou dérangeants...il ferait beau voir qu'elle vomisse sur un patient. Ou ses corsets, ils sont trop beaux pour ça. Un tel gâchis, elle a si bon goût. Oh j'y suis.

-Pardonnez-moi, il y a tellement de possibilités! dit-elle avec un sourire en levant une main au ciel et les yeux avec un petit soupir satisfait.

L'Ambrosius kerlagina devrait vous plaire. C'est un mélange d'herbes, une fois séchées vous pouvez les fumer avec un peu de tabac. Ma préparation permettra d'éviter les effets serotoninergiques, les nausées et hallucinations désagréables, tout en vous promettant une euphorie et un relâchement. A petite dose, vous vous sentirez calmée et reposée, si vous la doublez, vous serez au contraire stimulée mentalement, mais votre corps ne suivra pas votre pensée.

Prenez garde d'avoir au moins 5 heures libres, sachant que les effets en soi durent 2 heures. Je vous recommande selon vos goûts une musique en arrière plan, soit douce, soit psychedélique. Le sexe n'est cependant pas à exclure, ne vous attendez pas à être athlétique toutefois.

La chamane sembla surprise mais assez satisfaite et eut un petit rire. Sofía la savait hyperactive, toujours débordante d'énergie et jamais en reste, il lui faudrait sûrement charger le dosage plus que de coutume. Et préféra très largement éviter de parler de sexe, ce n'était pas son domaine de prédilection. Contrairement aux nombreux cobayes espagnols qui gardaient des instincts très primaires.

-Toutefois, évitez d'en abuser, et vous risquez de ressentir un effet de bouche sèche et un bon mal de crâne si vous ne buvez pas assez d'eau. Voire un peu de nacolepsie durant la journée. Je n'en ai momentanèement pas de prêt, je vous en confectionne et la ferait déposer dans vos appartements avec votre repas de midi dans deux jours. Cela vous convient-il? Oh il ne faut pas que vous soyiez enceinte, cela serait du plus mauvais effet pour un foetus, mais il n'y a pas lieu de s'inquièter, n'est-ce pas?

La belle élémentaliste souria ingénue, ignorant des dernière aventures de sa collègue. Mais il y avait cette rumeur au sein de son équipe...Bien qu'interloquée et évidement surprise, la chamane jaugea l'espagnole du regard. Elle vit que Sofía ignorait la vérité, et savait qu'en fait elle s'en fichait. Elle se détendit en souriant et un "Bien sûr, merci de vos conseils ma chère" avant de poursuivre.

La pharmacienne en cheffe répondit aux derniers désirs de sa « cliente » avec une drogue fumable. L’Ambrosius Kerlagina correspondrait parfaitement aux besoins de la psychiatre, si ces effets désagréables étaient contrés. Samaha se promit pourtant intérieurement de le tester préalablement à petite quantité sur un de ses junkies personnels qu’elle avait relayé en catégorie C. Même si Sofía n’avait pas directement l’intérêt de nuire à sa collègue ; il fallait pourtant rester tout le temps sur ses gardes à Lómilendë. Tout le monde était un ennemi potentiel.

Même Aedan avec qui sa relation avait évolué et Jezabel qu’elle estimait au plus haut point restait des dangers potentiels. Le premier était tout de même un ex-slivien spécialiste dans la torture et leur relation n’était qu’une amitié avec bénéfice, alors que la seconde éliminait quiconque effectuait le moindre faux pas, même s’il s’agissait de ses plus fidèles employés. La prudence était donc de mise 24h sur 24h. La chamane avait décidé de ne se fier à personne.

Synthétiquement, la rousse réorganisa les conseils de l’espagnole afin de garder en mémoire l’utilisation adéquate de la substance. Un rictus se figea quelques instants sur son visage lorsque De Santa Cruz indiqua les effets néfastes de la drogue sur un fœtus. *Pourquoi diable avait-elle besoin de mentionner ça ?* Rapidement, elle revoyait la lettre de son mari reçue deux jours plutôt qui la sommait de lui pondre un héritier et ses ébats avec le chef du service Nyx. Une pensée horriblement glauque traversa l’esprit de l’anglaise. Offrir un héritier à son mari qui n’était pas le sien aurait été une douce vengeance dans l’esprit de Samaha. La pensée fut très vite balayée, cependant. Il était hors de question que la sorcière tombe enceinte. Elle avait beaucoup trop de choses à terminer et une magnifique carrière à compléter pour devoir s’occuper d’un fœtus.

« Bien sûr, merci de vos conseils ma chère. » lâcha-t-elle finalement.

L’heure tournait et il était temps de prendre congé de l’ibérique.

« Je vous remercie pour notre petite transaction. Mes rapports vous parviendront prochainement. A bientôt ! »

A sa grande surprise, ce qu'elle prenait pour unme mauvaise plaisanterie dans son ordonnance sembla contrarier son interlocutrice qui fit une tête étrange un court instant avant de se ressaisir. Toujours polie et malgré tout apparement satisfaite, elle quitta les lieux avec les petits présents de la pharmacienne.

L'apothicaire rangea quant à elle les rayons, nota les dépenses engendrées et envoya une copie du rapport à Jézabel. Tout doit être consigné et tout doit être rapporté, pour que l'oeil du dragon en soit informé.

Avec un air guilleret et satisfaite, Sofía retourna à son laboratoire avec quelques produits. Des sous-sols au bureau, on pouvait entendre talons, tintements métalliques et un petit bourdonnement musical de l'élémentaliste fredonnant quelques airs typiques de flamenco et de sévillanes. Elle s'osa même quelques pas dans l'ascenceur, qui souvrit sur un patient et son infirmier, surprit d'être accueillé par un "OLÉ!" et un puissant coup de talon qui résonna dans la cage métallique.

L'exhubérante espagnole poursuivit son chemin sans en prendre cas.

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