Les yeux dans le vague, Jezabel songeait au lourd programme qui avait surchargé ses derniers jours. Surveiller les échanges entre O'Briain et la fille Nàsdy. Observer avec un intérêt non-dissimulé la mort d'un infirmier naïf, Matthew Nichols, qu'elle avait pu rencontrer quelques jours avant qu'il trépasse. Quelle fin merveilleuse pour ce jeune homme... Prendre une décision concernant les cours dont bénéficierait le patient du service 4, Amargànt, et calmer la panique qui l'avait alors saisie, se sentant prise au piège, obligée d'accepter l'idée d'accueillir un étranger à Lómilendë. Préparer, avec l'aide de Samaha Black, l'arrivée de la mère Nàsdy, et ce dans la plus grande discrétion.

Lorsqu'elle avait enfin pu souffler deux secondes, on lui avait fait part de la requête d'un patient qui souhaitait s'entretenir avec elle... Aasimir Fenring. Elle avait froncé les sourcils : elle savait qu'elle avait déjà vu ce nom sur un dossier, cependant, malgré sa mémoire impressionnante, elle ne parvenait à s'en remémorer les détails. D'un rapide sort de magie universelle, elle fit venir à elle le dit dossier et en fit tourner les pages. Elle ne s'en rappelait pas, parce qu'il n'y avait pas grand chose dont elle aurait pu se rappeler, justement. Nom du père, de la mère, aucune histoire particulière, description du trouble sans plus d'antécédents psychiatriques... Ce document était plus qu'incomplet ! Comment ne l'avait-elle pas remarqué plus tôt ? Etait-il possible qu'elle ait été trop occupée pour remarquer cette erreur ? Furieuse, elle convoqua sa secrétaire. Chaque dossier devait être étudié, les moindres détails de la vie de chaque patient devait être répertorié afin d'éviter qu'une personne mal intentionnée puisse se faire admettre à Lómilendë. Ce cas n'avait pas été traité avec le zèle habituel dont faisait toujours preuve Živka. Quelque chose d'étrange se tramait.

« Ce dossier nous a été remis dans cet état. Mes recherches ne m'ont pas permis de le compléter et j'ai été obligée de l'accepter » avait déclaré la secrétaire d'un ton monocorde. « Qui d'autre que moi peut t'obliger à accepter quoi que ce soit ? » la directrice avait posé la question dans un sifflement haineux, fixant la jeune femme avec une hargne non-dissimulée. « Je ne peux rien dire. Si vous permettez, j'ai d'autres dossiers à traiter » avait simplement répondu Živka avant de tourner les talons.

La rencontre avait laissé Jezabel interdite. « Je ne peux rien dire » ?! D'où venait donc cet ordre ?

Elle attendait donc avec impatience l'arrivée d'Aasimir, qui fut amené comme n'importe quel patient : bien encadré, puis attaché. Pas de traitement de faveur. Les infirmiers n'étaient donc pas complices. Jezabel se sentit quelque peu rassurée de le savoir. Elle n'était pas la seule à être complètement larguée, semblait-il. Dès qu'ils furent seuls dans la pièce, le langage corporel du malade se transforma. Il sembla reprendre ses esprits, sa dignité. Il paraissait fier, puissant, malgré les liens qui l'entravaient.

« Agent Black Widow, Mme Pendragon. A votre service. J’ai été engagé par Mr Ostroróg pour me mettre à votre disposition, et ce de toutes les manières possibles auxquelles vous pourriez penser et dont vous auriez besoin. »

Jezabel émit un petit rire narquois. Ostroróg. Ce vieux chnoque se mêlait de ses affaires ? Bon, il lui envoyait un soldat, un appui, ce qui n'était pas de refus par les temps qui couraient. Mais pouvait-elle faire entièrement confiance à cet espion ? Elle devrait le déterminer avant de lui confier des missions trop importantes. Amusée, elle releva intérieurement la phrase de son nouvel employé. « Me mettre à disposition (...) de toutes les manières possible » ? Décidément, même lorsqu'il revêtait son rôle de soldat, son trouble influençait sa manière de parler.

« Ravie de faire votre connaissance, Agent Black Widow. L'étrangeté de votre dossier s'explique enfin... Je ne doute pas que vous me serez d'une grande utilité. »

Elle écouta attentivement le jeune homme se présenter, et secoua la tête négativement lorsqu'il lui proposa de lister les diverses missions qu'il avait effectuées pour la base militaire. « Je me contenterai d'une seule. Décrivez-moi la mission qui a le plus compté pour vous au cours de votre service pour la base 2304-Z. »

Bien que la chamane était des plus curieuses, elle n'avait aucune envie d'entendre le palmarès de son interlocuteur. Une seule mission et l'explication de l'importance qu'elle avait eu suffirait à satisfaire son intérêt.

Une fois que l'Agent eut terminé son explication, elle enchaîna avec la première mission qu'elle lui confierait. Elle avait eu le temps d'y réfléchir rapidement. Les agissements de plusieurs membres du personnel semblaient à surveiller, notamment l'étrange nouveau directeur de service, Hannibàl Masaryk. Cependant, dans un premier temps, elle lui confierait la surveillance d'un être bien moins important. Afin de tester Black Widow, elle lui demanderait de surveiller Aedan O'Briain dans le cadre de sa mission concernant Selena. Ensuite, seulement, elle passerait à des cas plus épineux... Elle songea rapidement aux autres chefs de service. Emma Thompson agissait normalement. Une brève filature sur quelques jours serait bienvenue pour confirmer l'absence de machination de sa part ; rien d'urgent. Samaha Black, elle ne faisait aucun doute : elle était on ne pouvait plus fidèle à sa directrice depuis qu'elle avait eu l'honneur d'accueillir Erzèbeth Nàsdy. Lenz Frieman, lui, était déjà sous une surveillance rapprochée.

« Votre première mission sera de surveiller les agissements du docteur O'Briain. Il est actuellement chargé, pour des raisons confidentielles, de mettre hors d'état de nuire notre nouvelle employée, Miss Selena Nàsdy. Je compte sur vous pour observer l'évolution de cette tâche et les agissements d'O'Briain en général. »


Cette mission à l'apparence banale pourrait se révéler plus intéressante qu'elle n'y paraissait, Jezabel le savait. Aedan était un homme plein de surprises, elle l'avait déjà remarqué à de nombreuses reprises.

La réaction d'Aasimir ne se fit pas attendre, ravissant Jezabel. Alors que ses lèvres s'étiraient en un sourire satisfait, elle eut un instant de doute : pouvait-elle réellement faire ça avec un patient ? Le soupçon qu'elle avait eu en songeant à O'Briain lui avait fait ressentir un besoin urgent d'être rassurée et quelle meilleure manière de le faire que de s'envoyer en l'air ? Sa décision avait également été une sorte de test pour l'agent : s'il ne souffrait pas réellement d'un trouble d'hypersexualité comme l'indiquait son dossier, il aurait été plus difficile à convaincre. Ce qu'elle avait pu lire était donc correct. Un regard vers le sexe de l'élémentaliste qu'elle pouvait sans peine deviner dressé sous son pantalon la convainquit. Elle en avait bien trop envie. Depuis quand n'avait elle pas eu l'occasion de prendre son pied ? La chamane était mariée, cependant elle ne voyait que rarement son mari depuis sa nomination en tant que directrice. Se considérant comme une éternelle célibataire, elle trompait son époux sans vergogne depuis des années ; elle ne l'avait épousé que pour accéder au prestige, à un statut social plus intéressant.

Alors qu'elle réfléchissait, Black Widow s'était débarrassé de ses liens. Sérieusement ? Etait-il aussi aisé de se libérer ou le sorcier était-il particulièrement doué ? Il faudrait remédier à ça, dans tous les cas.

Aasimir l'attira à lui. Ravie, l'Ecossaise se laissa aller contre lui, retenant à grand peine un gémissement alors qu'il déposait des baisers le long de sa gorge qui lui firent ressentir une chaleur hors du commun. Glissant la main le long de sa mâchoire pour lui relever la tête, Jezabel l'embrassa avec fougue. Impatiente, elle se serra d'avantage contre le corps qui lui faisait face, mais elle comprit rapidement qu'il ne prendrait pas plus d'initiative. Sans doute se retenait-il, que ce soit par respect pour elle, parce qu'elle était sa supérieure... qu'importait la raison ! La trentenaire était frustrée et elle tenta de le faire sentir à travers le regard agacé qu'elle jeta à son partenaire. Elle ne dit pourtant pas le moindre mot, avec un peu de chance il le comprendrait de lui-même au travers de ses actions.

Sans plus attendre, la brune ôta les vêtements du Français et s'agenouilla face à lui pour prendre son membre en bouche. Malgré la décision de son amant de la laisser dominer, elle s'était volontairement mise dans une position dans laquelle elle se sentait soumise au possible. Enfin. Elle qui passait ses journées à tout gérer, à commander tout le monde, prenait un plaisir incommensurable à se sentir contrôlée lorsqu'elle se laissait aller. Tandis qu'elle suçait avec application l'extrémité de la virilité d'Aasimir, elle saisit sa main qu'elle glissa dans ses longues boucles foncées. Consciemment ou non, le sorcier appuya contre la tête de son amante : celle-ci suivit le mouvement, enfonçant son sexe plus profondément dans sa gorge. Excitée au possible, elle effectua encore quelques va-et-vient rapides avant de se redresser, n'y tenant plus.

Encore habillée, elle se débarrassa de ses vêtements en toute hâte pour se coller à nouveau à son compagnon. Après l'avoir embrassé dans le cou avec passion, elle lui mordilla le lobe de l'oreille et en profita pour murmurer un « Prends-moi... » d'une voix suppliante, puis, plus doucement encore un « Torture-moi. » franchit ses lèvres, dévoilant à Aasimir ses réelles envies. Elle lui tourna le dos, penchée en avant, s'appuyant sur son bureau afin de se cambrer au maximum, attendant la réaction de son amant.

Les vœux de Jezabel furent exaucés, plutôt deux fois qu'une. Sans même la pénétrer, appuyant simplement l'extrémité de sa virilité contre elle, Aasimir se saisit de ses cheveux pour l'attirer à lui. Le geste fit gémir la chamane, excitée au possible. Elle le voulait en elle. Maintenant. Elle n'eut pas à attendre longtemps : il la pénétra enfin, enfonçant son sexe le plus profondément possible en elle. Elle ne put retenir un second gémissement, qui s'amplifia lorsqu'il ajouta à son geste une claque sur ses fesses.

S'il attendait qu'elle l'implore, l'assassin allait être comblé. Légèrement essoufflée par l'excitation, Jezabel se frottait contre lui avec désespoir et ne tarda pas à prendre la parole.

« Viens... S'il te plait... Baise-moi je t'en supplie, baise-moi ! »

Lorsque le dernier cri franchit les lèvres de la directrice, il la pénétra à nouveau, la faisant soupirer sous ses va-et-vient rapides et profonds. Alors qu'elle sentait son sexe se resserrer autour du pénis de son amant, il s'arrêta à nouveau, pour lui faire remarquer d'un ton cruel qu'il ne l'entendait plus supplier. Tremblant de frustration, la sorcière ferma les yeux pour se concentrer sur la main qui lui malaxait encore les fesses. Tandis qu'il les lui écartait, une idée germa dans sa tête. Ce n'était pas parce qu'elle était soumise qu'elle ne pouvait prendre aucune initiative.

Tout en continuant à effectuer des petits mouvements de hanches pour frotter son sexe contre celui de l'agent, elle mis deux doigts à sa bouche, qu'elle lécha avec application, les humidifiant consciencieusement. Elle sentait le regard brûlant d'Aasimir sur elle alors qu'elle retirait sa main et se retournait légèrement pour glisser ses doigts contre son anus, dans lequel elle les enfila l'un après l'autre en se caressant doucement. Quand elle se sentit plus à l'aise, Jezabel ôta son index ainsi que son majeur pour prendre la verge de son partenaire et l'insérer à la place de ses doigts. Encore un peu humide, le pénis entrait sans trop de peine grâce aux mouvements de l'Ecossaise.

« Continue s'il te plait... Aasimir je te veux... »

Elle ralentit les mouvements de ses hanches, attendant qu'il prenne le relais. Elle glissa sa main entre ses jambes pour se caresser le clitoris pendant que le soldat la prendrait. Repoussant ses boucles brunes d'un geste de la tête, elle le regarda, une lueur de supplication au fond des yeux.

Le visage collé à son bureau par son partenaire, Jezabel haletait et tenait de reprendre son souffle après l'incroyable orgasme que lui avait donné Aasimir grâce à une double pénétration des plus excitantes qui avait comblé la chamane. Elle n'avait pas encore totalement repris ses esprits lorsqu'il la tira à terre pour lui enfoncer son sexe dans sa bouche. Encore essoufflée, elle fut surprise par le membre imposant qui l'empêcha dans un premier temps de respirer. Rapidement, elle réussit à se remettre à jouer avec sa langue tandis que l'élémentaliste faisant des va-et-vient impatients. Il jouit après quelques aller-retours, aspergeant abondement les seins et le visage de la directrice.

Il la releva ensuite pour se coller à elle et lécher le sperme sur sa joue avant de l'embrasser. Hypnotisée par le geste diablement sexy, Jezabel failli se jeter sur lui lorsqu'il lui proposa de remettre ça. Pourtant, elle recula, posant doucement une main sur le torse de l'agent, barbouillé de sperme après qu'il l'ait prise contre lui. Elle baissa les yeux sur son pénis toujours en érection, preuve manifeste qu'il était prêt à reprendre. N'était-il pas humain ?

D'une voix ferme malgré son envie, elle déclina l'offre.

« Il vaut mieux que vous vous en alliez. Je n'hésiterai pas à vous appeler en cas de besoin, ne vous en faites pas. »

Sans chercher à récupérer ses vêtements ou à cacher son corps encore nu, elle attendit qu'Aasimir s'en aille. Elle avait besoin d'être seule après ce qui venait de se passer.