Digestion

Stein se réveilla de son sommeil de plomb comme un loir qui sort de son hibernation. Avant tout ce fut un choc. Il eut l’impression que son sang coulait à flots, ainsi qu’une fontaine aux rythmiques sanglots. Bien qu’il l’entendît bien couler avec la même sorte de murmure habituelle, une brève introspection ne révéla pas d’agitation intérieure. Soulagé, il se tâta en vain pour trouver une blessure. Restant allongé sur son lit, Stein se sentit à l’aise et profita encore quelques moments de ce rare état de sérénité avant de se lever. Combien de temps il avait dormi, il ne sut dire. Ce qui comptait, pensa-t-il, c’était que ni ses tics, ni d’autres compulsions ne pourraient s’emparer de lui alors que sa capacité de pensée logique était à nouveau de retour. Au moins pour le moment.
Avec appétit il attaqua le déjeuner qui l’un des infirmiers avait laissé sur son bureau. Une fois terminé le repas, Stein ne put s’empêcher de se féliciter d’avoir à présent nourri avec succès son corps et son âme – ses âmes, plus précisément. Contre toute intuition il en était même reconnaissant à Hannibàl de lui avoir fourni ce casse-croûte. Il dut admettre que, si ça lui aiderait à atteindre son objectif, Il ne pourrait peut-être pas renoncer à l’aide du nécromancien en dernier recours.

Plus tard Stein se résolut à aller se promener. Errant dans le labyrinthe qui présentaient les intérieures de Lómilendë, il perdit vite toute notion du temps. Pendant ses errances l’allemand remarqua que la plupart des gens évitait de lui regarder directement et que les conversations cessèrent brusquement quand il s’approcha à portée de voix. Quel lieu étrange où tout le monde semblait complètement pris par ses propres secrets ! Tandis qu’une majorité des gens aurait été poussé à fureter dans cette jungle pleine d’intrigues, Stein n’en avait aucun intérêt. A son avis, la chasse aux secrets des autres devenait n’était qu’une drogue pour les personnalités perverses ou assoiffées de pouvoir.
Sans qu’il s’en aperçût, Stein se retrouva alors dans la Tour Est où, on le lui avait dit, habitait le chef du Service Nyx, Aedan O’Brian. Peu importait si c’était l’appartement privé du psychologue ; Stein voulut absolument profiter de sa clarté mentale et prendre conseil du professionnel comment il pourrait mieux gérer ses « compulsions » dorénavant. Déterminé, il frappa vigoureusement à la porte.

[HS: C'est à toi de décider si tu acceptes cette intrusion ou pas]

Ce jour-là, Aedan avait décidé de prendre congé. Il avait confié un patient à Selena, Amargànt serait traité en coopération avec Masaryk et ils n'avaient pas de réunion prévue, il n'y avait que le dernier cas à voir : Stein. Cela pouvait bien attendre un jour de plus. Tous les autres patients étaient déjà en cours de traitement et n'avaient pas un intérêt suffisant à ses yeux pour qu'il ait envie de travailler.

Vêtu d'un t-shirt et d'un caleçon, il était allongé sur son canapé et écumait des sites internet à la recherche du cadeau de Noël idéal. Les colis n'étaient pas les bienvenus au sein de l'hôpital, pourtant malgré l'ambiance tendue qui flottait récemment, la directrice avait changé cette consigne en vue des fêtes. Même les patients pourraient se faire livrer ce qu'ils souhaitaient. Il était persuadé que les paquets de ces derniers seraient vérifiés, mais pas ceux du personnel. Miss Pendragon l'avait certifié.

Il passait à la quatrième page d'idées cadeaux quand on frappa à sa porte. Qui était-ce ? Il enfila rapidement un pantalon de jogging avant d'aller répondre.

Il ouvrit la porte. Celui qui attendait de l'autre côté ne faisait pas partie des personnes qu'il avait envisagées. Il le dévisagea un instant avant de comprendre où il avait déjà vu ce visage : Stein, le fameux patient qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de rencontrer. Que faisait-il ici ? Comment avait-il trouvé son appartement ?

« Monsieur Stein ? Que faites-vous ici ? Un problème ? Entrez, je vous en prie. »

Aedan s'effaça pour le laisser entrer et le guida jusqu'au salon où ils prirent place. Loin de le déranger, l'intrusion avait piqué sa curiosité.

En poste depuis le matin, Aasimir se demandait si sa surveillance du psychologue en ce jour de congé valait vraiment la peine... Le Praticien n'avait rien fait de notable dernièrement. Les rumeurs le concernant semblaient perdre toute crédibilité...

En voyant Stein arriver dans les parages, il se dissimula encore plus et attendit qu'il passe.

Etrangement, ce dernier se posta devant la porte de Aedan et toqua.

Ce-dernier vint lui ouvrir en tenue décontractée et le fit entrée, quelque peu surpris...

Pestant intérieurement sur le fait que sa surveillance venait d'être rallongée d'une bonne heure, Aasimir attendait...

Lorsque le chef de service lui ouvrit la porte, Stein se rendit compte de son intrusion. Pourtant il ne regrettait pas être venu, d’autant que le psychologue n’avait pas vraiment l’air fâché. Ce dernier lui demanda ce que Stein faisait là et lui fit singe d’entrer. Stein se dirigea directement vers le canapé pour s’y assoir et pria le psychologue de prendre place sur la chaise juste à côté. Car c’était ainsi que l’allemand pensait qu’une consultation devrait se dérouler : lui allongé sur un canapé avec les yeux fixés sur le plafond pendant que le psychologue prenait des notes en le regardant intensément. Seulement après s’être installé, Stein s’expliqua :

"Je suis venu vous voire parce qu’aujourd’hui me semble le parfait jour pour commencer mon traitement. Comme vous avez certainement pu constater, je suis assez claire en ce moment. Normalement j’ai des tics et d’autres compulsions qui m’importunent, mais à présent je les tiens sous contrôle. Pourtant je ne m’illusionne pas sur le fait qu’ils vont bientôt de nouveau prendre le dessus de moi. Comment peux-je les en empêcher ?"

Plein d’espoir regarda le visage un peu stupéfait du psychologue. Comment se montrerait-il quand Stein lui dévoilera la nature de ses compulsions… ?

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